lescriptorium.ch
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Est-ce pour compenser leur manque d'élasticité et de tonus que les tortues géantes des Galapagos se sont mises à pondre des balles de ping pong?
Est-ce pour mieux taper du poing sur la table que les points sur les i des jeunes adolescentes se parent de petits gants de boxe ?
A la recherche de temps perdu moi aussi, j'ai entrepris de remplir, à l'aide d'un stylo bille, tous les o présents dans l'oeuvre intégrale de Marcel Proust.
D'autres ont la main verte ou le pied marin, j'ai, pour ma part, la cheville ouvrière et me passerais bien de cet étrange attribut. Car étant d'un naturel plutôt paresseux, je me sens tiraillé entre le désir constant de m'allonger pour m'abandonner à la contemplation du vide qui m'entoure et ma volonté de ne froisser aucune partie de ma personne, fût-elle en désaccord avec mon caractère.
Ma cheville ouvrière s'accomode mal de ma tête dans les nuages.
Quand j'aspire, plus que tout, à rejoindre les bras de morphée, ma cheville, elle, toujours en alerte, soutient le marchand de sable dans sa virée nocturne et n'hésite pas à me charger de son lourd fardeau. Il me faut alors, abattre la besogne, et m'éreinter, des heures durant, à la force de ma seule huile de coude, jusqu'à ce que, n'en pouvant plus, je finisse sur les rotules.
Ma cheville ouvrière, parfois, je voudrais bien lui tordre le cou de toutes mes phalanges, pour la mettre hors d'état de nuire ou simplement, la fouler pour me défouler un coup.
Sur l'île déserte où j'échouais, je ne trouvai d'abord, pour me repaître, que des poires d'angoisse.
Et lorsque m'enfonçant plus avant dans mon mutisme, je découvrai enfin un boeuf, je dus rapidement me rendre à l'évidence que posé sur ma langue, il ne rendrait pas ma parole plus aisée...
Le petit air printanier qui refait surface ces jours-ci me ravigote, me ranime. Je sens, dans mes artères, à nouveau, couler la sève vitale qui réveille mes ambitions ankylosées par le dur hiver. Si n’étaient, fichées dans le sol, ces profondes racines qui me vissent à ma flemme et mon ennui, j’entreprendrais bien les plus grandes œuvres qui soient.
Vaincu par une envie irrépressible de fouetter des chats, je laissai de côté mes activités du moment les considérant tout à coup comme de peu d'importance.
En apercevant hier, à la télévision, une époustouflante guenon surdouée, capable de composer le menu de ses repas sur un clavier d'ordinateur spécialement adapté, tandis qu'un groupe de scientifiques aux petits soins accourait près d'elle pour la sustenter, j'ai senti les barrières de mon humanité devenir tout à coup poreuses et ma position dominante au sein de la création vaciller dangereusement.
Bientôt les singes seront parfaitement acclimatés au monde de l'informatique, ouvriront des blogs, feront l'opinion, initieront de nouvelles tendances et je crains que nos vies ne sombrent vite dans le n'importe quoi et de vaines gesticulations simiesques.
Je ne serais d'ailleurs pas étonné d'apprendre que la tecktonik a pour origine l'imagination fertile d'un premier bonobo bloggeur...