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14 septembre 2008 7 14 /09 /septembre /2008 13:59

D'autres ont la main verte ou le pied marin, j'ai, pour ma part, la cheville ouvrière et me passerais bien de cet étrange attribut. Car étant d'un naturel plutôt paresseux, je me sens tiraillé entre le désir constant de m'allonger pour m'abandonner à la contemplation du vide qui m'entoure et ma volonté de ne froisser aucune partie de ma personne, fût-elle en désaccord avec mon caractère.

Ma cheville ouvrière s'accomode mal de ma tête dans les nuages.

Quand j'aspire, plus que tout, à rejoindre les bras de morphée, ma cheville, elle, toujours en alerte, soutient le marchand de sable dans sa virée nocturne et n'hésite pas à me charger de son lourd fardeau. Il me faut alors, abattre la besogne, et m'éreinter, des heures durant, à la force de ma seule huile de coude, jusqu'à ce que, n'en pouvant plus, je finisse sur les rotules.

Ma cheville ouvrière, parfois,  je voudrais bien lui tordre le cou de toutes mes phalanges, pour la mettre hors d'état de nuire ou simplement, la fouler pour me défouler un coup.

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16 février 2008 6 16 /02 /février /2008 13:29

En apercevant hier, à la télévision, une époustouflante guenon surdouée, capable de composer le menu de ses repas sur un clavier d'ordinateur spécialement adapté, tandis qu'un groupe de scientifiques aux petits soins accourait près d'elle pour la sustenter, j'ai senti les barrières de mon humanité devenir tout à coup poreuses et ma position dominante au sein de la création vaciller dangereusement.

Bientôt les singes seront parfaitement acclimatés au monde de l'informatique, ouvriront des blogs, feront l'opinion, initieront de nouvelles tendances et je crains que nos vies ne sombrent vite dans le n'importe quoi et de vaines gesticulations simiesques.

Je ne serais d'ailleurs pas étonné d'apprendre que la tecktonik a pour origine l'imagination fertile d'un premier bonobo bloggeur...

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14 janvier 2008 1 14 /01 /janvier /2008 11:15

Je baignais tout entier dans un grande lumière, plus intense que toutes celles dont j'avais jusqu'ici fait l'expérience, notre soleil en plein jour, à côté d'elle, eût passé pour cul blafard de luciole dans la nuit. Pourtant, mes yeux n'éprouvaient aucune douleur, aucune gêne. Au contraire, il m'était même difficile de détourner le regard du centre incandescent d'où jaillissait tant d'éclat.

Soudain, au loin, tout au fond, j'aperçus ce qui me sembla être l'entrée d'un tunnel. J'approchai. D'un naturel plutôt curieux, je n'avais pu résister à l'appel de ce gouffre empreint de mystère et dont les ténèbres avaient aspiré mes mains à peine les leur avais-je tendues. Vaincu par une force irrésistible, je pénétrai plus avant dans l'antre obscur.

Bien m'en a pris car, l'instant d'après, je retrouvai cette bonne vieille réalité rugueuse, ses soucis, ses vicissitudes, son agitation, ses maux de dents et ses névroses.

Il est toujours bon de se retrouver chez soi.

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29 décembre 2007 6 29 /12 /décembre /2007 16:16

Dans mon univers, les points de fuite sont extrêmement rapprochés sur la ligne d'horizon et les perspectives s'allongent infiniment tant et si bien que je ne distingue qu'à peine les lettres du clavier d'ordinateur sur lequel j'écris. Heureusement qu'à cette distance, mes mains se changent en petites pattes de mouche et parviennent à n'enfoncer qu'une seule touche à la fois.

Si vous me voyez souvent renâcler au moindre effort c'est que tout, dans mon monde, me paraît hors de portée. Il suffit que je jette un coup d'œil dans la cage d'escalier et que j'aperçoive le sol du rez-de-chaussée si lointain pour que je renonce à toute escapade. J'envie mes voisins de pallier qui vivent au cinquième et dernier étage d'un petit immeuble alors que moi je réside dans un gratte-ciel aux dimensions vertigineuses. Certains essayent de me convaincre que ma situation résulte d'un effet d'optique et que dans mon monde, il m'est aisé de faire des pas de géant mais ils ne savent pas la quantité de force qu'il faut mobiliser pour tendre une jambe sur d'énormes distances et ramener l'autre ensuite.

Ne pensez pas que c'est par frilosité que je m'emmitoufle, hiver comme été, dans d'épaisses couvertures et que c'est parce que je suis myope que je me cogne à tous les coins de tables : dans mon monde, le soleil tête d'épingle, là-bas tout au fond, ne peut me réchauffer et m'éclairer comme il le fait dans le vôtre...

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29 novembre 2007 4 29 /11 /novembre /2007 00:00

Parce que la situation devenait intenable, je décidai de mettre enfin de l’ordre. Mais il m’en fallut du courage pour affronter la paperasse en pagaille qui s'entassait dans mes tiroirs saturés et celle qui, faute de lieu de rangement convenable, avait fini par s'amonceler un peu partout.

Je dus d'abord me débarrasser des papiers obsolètes ; trier, classer, par ordre chronologique, correspondance amoureuse et relevés bancaires, par ordre alphabétique, feuilles, fiches, faire-part, formulaires et factures en tous genres ; compartimenter le tout, dans des dossiers suspendus des bacs de rangement ou des classeurs de différentes couleurs ; démêler mes circonvolutions corticales, dans l’embrouillamini neuronal faire des coupes et réaménager les concepts selon le genre et l’espèce ; récurer les fentes synaptiques pour faciliter le passage des idées ; étiqueter aussi ce lot de souvenirs dont la plupart n’avaient jamais été véritablement ordonnés.

Mais je fus, à mon grand désarroi, incapable de me rappeler ma première chemise. Je me creusai les méninges, fouillai dans ma mémoire. Sans résultat. Je remuai de fond en combles tiroirs et armoires à la recherche d’un indice qui m’eût permis de me remémorer l’objet perdu. Peine perdue.

En voyant mon appartement à nouveau sens dessus dessous, j’eus un moment l’intention d’abandonner mes recherches pour stopper cette nouvelle hémorragie de désordre. Mais allais-je avoir le cran de m’en ficher, de ma première chemise ? Je ne suis pas de ceux qui se moquent de ce genre de choses…

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28 novembre 2007 3 28 /11 /novembre /2007 10:36

En tombant, hier, sur une photo de classe jaunie datant de mon école maternelle, j’ai douloureusement remarqué que celui que j’avais pris, pendant tant d’années, pour un petit camarade rondouillard, compagnon de toutes mes frasques, confident de toutes mes peines, était en fait une tache circulaire, une espèce d’auréole laissée sur le papier photo et dessinant vaguement un visage.

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24 novembre 2007 6 24 /11 /novembre /2007 00:27

Je suis un très chevronné homme-grenouille de salle de bain ; je pratique aussi, avec une certaine aisance, le canyoning de cabine de douche et plus occasionnellement la spéléologie de siphon de lavabo. C’est pour la première fois ce matin, en revanche, que j’ai expérimenté le surf sur savonnette. Et le premier essai a été, je dois le dire, assez périlleux. 
« Quand une savonnette vous échappe, vous ne savez jamais où elle va vous mener… » C’est ce que j’avançai à ma voisine de pallier quand je la rencontrai sur le pas de ma porte, confus et dans le plus simple appareil, tentant vainement d'arrêter le savon que je croyais saisir mais qui toujours glissait de ma main. Je n’eus pas le temps, ensuite, de rassurer ma concierge apparemment très remuée à la vue de cette course-poursuite dans la cage d’escalier de l'immeuble.
Ce fut finalement, au coin de la rue, une camionnette de livraison qui eut raison de ma savonnette en roulant lamentablement sur elle, la rendant par là même totalement inutilisable. 
J’étais sur le point de regagner mon chez moi, dépité et nu comme un ver, quand une patrouille de police vint à ma rencontre. Heureusement, l’un des agents me passa un remarquable savon...


discobole.jpg

moi, ce matin, dépité en récupérant ma savonnette en piteux état sur la chaussée
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21 novembre 2007 3 21 /11 /novembre /2007 00:21

Et soudain, il m’emboîta le pas, ne me quitta plus d’une semelle, sangsue de talon accrochée à mes basques, plus singe encore que mon ombre. Je pressai le pas pour me débarrasser de ce pot de colle, mais il était tenace, le bougre !
S’il paraissait me tenir en bride, c’est moi qui, le mors aux dents, le menais de droite et de gauche, zigzaguant et bifurquant sans crier gare. Peine perdue ! Je ne parvenais toujours pas à semer ce crampon, ce casse-pied. Je courais maintenant comme un dératé mais sentais toujours, dans ma nuque, le souffle haletant de celui qui me filait le train. Malgré tous mes efforts, je ne gagnais pas une once de terrain. Il était encore et toujours derrière moi, véritable rémora me ventousant le dos.
Pris de panique, je décidai de demander de l’aide et entrai en trombe dans le premier poste de police rencontré sur mon chemin, suivi à la trace par mon persécuteur.

C’est ainsi que j’amenai directement dans la gueule du loup le pickpocket dont les doigts, coincés dans la poche arrière de mon pantalon, s’étaient frottés d’un peu trop près à mon nouveau portefeuille en croco.

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20 novembre 2007 2 20 /11 /novembre /2007 00:22

Lors de son interrogatoire, il a été tout simplement époustouflant. Inspecteurs et agents de police n’en reviennent toujours pas. Sous leurs yeux stupéfaits, il a sorti un lapin de son chapeau, fait surgir des colombes de nulle part, saisi au vol une pièce de monnaie derrière l'oreille d’un agent, extrait de son poing fermé une interminable guirlande de foulards bigarrés. Bien sûr, ensuite, impossible de lui faire avouer un seul de ses trucs, même sous la menace d’un volumineux annuaire téléphonique !

Sous les applaudissements, il a ensuite fait disparaître des pièces à conviction présentes sur la table, s’est libéré de menottes pourtant bien serrées, puis s’est finalement évanoui dans la nature. L’admiration est unanime au commissariat et les commentaires élogieux ont duré de longues minutes avant qu’on décide enfin de se remettre au travail.

Car l’enquête piétine. Comment, dans la cave du domicile conjugal, le buste de la femme du prestidigitateur a-t-il pu être abandonné dans une caisse cadenassée tandis que ses jambes étaient enfermées dans une autre, entreposée à plusieurs mètres de la première ? On sait bien qu’il ne faut pas se laisser aller aux apparences, le coup de la femme coupée en deux on connaît, il y a forcément toujours un truc. Oui mais lequel ?

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19 novembre 2007 1 19 /11 /novembre /2007 00:18

Pour tuer le temps, j’allai hier, muni de mon revolver, dégommer des boîtes de conserve en forêt. Mais très vite et contre toute attente, une profonde lassitude s’empara de moi. Je ne prenais pas le plaisir habituel en touchant les boîtes posées sur une souche ni en les voyant tournoyer frénétiquement avant de tomber par terre.

 

Comme je ne voulais pas rentrer chez moi et m’ennuyer comme un rat mort, je décidai alors de jouer à la roulette russe. J’introduisis une balle unique dans le barillet de mon revolver, le fit tourner rapidement autour de son axe puis l’immobilisai. Je dirigeai ensuite le canon de l’arme contre ma tempe et appuyai sur la gâchette. J’eus, je dois l’avouer, un léger frisson en entendant le petit clic que fit le percuteur en l’absence d’amorce. Je recommençai, une fois, deux fois, trois fois… Mais une fois encore ce petit jeu me parut répétitif et m’ennuya profondément. Croupier ne rime-t-il pas d'ailleurs avec roupiller ? J’essayai de pimenter l’affaire en introduisant dans mon revolver deux balles puis trois. Rien n’y fit : j’aurais éprouvé plus de plaisir en jouant à pile ou face…

 
De retour chez moi, je relus quelques pages de Cioran. Mal m’en a pris : je ne fermai pas l’œil de la nuit tant je fus bouleversé.

 

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Où il sera question de l'ouragan qui fait battre des ailes un papillon à l'autre bout du monde et de l'huître qui fait une perle du grain de sable dans l'engrenage ...

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